Derniers souffles de ta vie ...

Publié le par Céline

« Je ne veux pas de cette nouvelle chimio. Je veux qu’on me foute la paix. Il nous reste encore de bons moments à passer ensemble. Je veux en profiter » (Miguel - 1er Juillet 2004)

Ces mots prononcés après le dernier IRM catastrophique, 9 jours avant ta mort, restent gravés dans ma mémoire. Tout est dit et c’est une vraie leçon de vie. Mieux vaut profiter pleinement de chaque instant. Et c’est alors ce que nous avons pu faire puisque nous ne nous sommes pas mentis. C’est ce que j’ai pu faire pendant ton coma puisque je ne me mentais pas. Certes j’étais préparée à cette ultime étape mais en fait, on a beau savoir, on n’est jamais prêt. Il n’est pas possible d’être prête pour la mort de son mari mais il est possible d’être mieux disposée à affronter ce passage, à aider, à accompagner, à te laisser partir en te serrant la main. C’est l’aboutissement d’un travail à deux.

Je t’ai aidé à ce point parce que je ne voulais pas que tu meurs intérieurement avant de mourir physiquement. Je t’ai aidé à rester vivant jusqu’au bout tout simplement en te laissant ta place, en te permettant de communiquer. C’est sûr, je ne me suis pas épargnée, protégée. Mais je ne pouvais pas te claquer la porte quand tu avais besoin de te confier et vivre à tes côtés comme si de rien était. Ca n’aurait pas été honnête, ça n’auraot pas été vivable non plus. Et il fallait que le peu de temps qu’il restait à notre famille soit pleinement vécu, « pour le meilleur et pour le pire ». Nous n’avions pas le droit de gâcher ce temps même par peur, par fuite. Je n’ai pas de regrets sur ces instants grâce à notre pleine communication, compréhension, à notre communion.

 

« Nous ne pouvons empêcher la souffrance de l’autre, mais nous avons une responsabilité dans le regard que nous portons sur lui » (Yvan Amar)

 J’étais démunie et impuissante mais je suis restée présente et j’ai garder confiance que notre vie pouvait être belle jusqu’au bout. Et grâce à notre communion, cela s’est produit. Nous nous sommes dits beaucoup d’Amour même dans la chambre de l’unité palliative que j’avais personnalisée, humanisée. Mais ce n’était quand même pas chez nous. Nous avons osé nous dire des sentiments que bien de couples ne s’avoueront jamais. Alors OUI, j’ose le dire : même si notre vie a été bien trop courte, elle a été riche et nous sommes allés au bout de nos rêves ensembles, au bout de nos rêves accessibles, de nos convictions et de notre Amour. Nous avons honorés notre Histoire et nos vies.


« Ils ne vont pas tarder à découvrir que le fait d’être ensemble ne se compte pas en heures, en semaines ni en mois, mais se fonde sur la profondeur de leur lien » (Elisabeth Kübler-Ross ~ Accueillir la mort)

Publié dans celine.maelle

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